✿ Intrigue #1 : Après la bagarre ✿

(Eona va intervenir plus tard)

Ça n’avait pas été une très bonne idée. Non, vraiment, pas une bonne idée du tout. C’était insensé, et particulièrement imprudent. Mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Le caïd de l’autre classe. Il était déjà venu lui chercher des noises, à lui, Kern, qui pour une fois n’avait pas jeté la première pierre. Il lui reprochait de lui avoir jeté un regard mauvais. Étant donné que le regard de Kern n’était jamais des plus accueillant, celui-ci avait seulement haussé les épaules. Et puis de disputes en disputes, il en vînt à parler de la sœur du caïd. Bien évidemment, tout ce qu’il avait pu dire sur elle n’avait aucun rapport de près ou de loin avec la vérité, cela avait été fait dans le seul but de le provoquer.

Encore une fois, cela n’avait pas été une très bonne idée.
Il s’en mordait un peu les doigts, dans cette petite ruelle. Un contre dix, sa victoire était très peu assurée. Il leur fit d’ailleurs remarquer que c’était lâche. On lui ria au nez. Nez qui, bientôt s’en prit beaucoup.
Il avait évité les premiers coups. D’ailleurs, trop sûr de lui, il les avait raillé encore plus. Les coups redoublèrent, triplèrent, et bientôt il ne comprit plus réellement ce qu’il se passait hormis qu’une cascade de chocs le martelait violemment.
Solide dérouillée qu’il avait pris là.
Ses agresseurs repartirent tranquillement, comme si rien ne s’était passé, tout en lui adressant quelques cris moqueurs.

Et lui était là, misérable, pitoyable, gisant sur le ventre, face contre goudron. Ses vêtements avaient été déchirés en de nombreux endroits.

*Trop… Mal… ‘Peux pu bouger…*

Mais c’était faux, il remua un peu, et bien qu’une douleur intense traversa la plupart des membres qui avaient pris des coups, il pouvait encore se mouvoir. Seulement il n’en avait plus la force ni la volonté. Cette défaite cuisante était horriblement humiliante. D’ailleurs, il était sûr que le caïd et sa troupe de primates n’allaient pas se prier pour aller tout répéter à l’ensemble du lycée.
Il respirait bruyamment, encore tout essoufflé de l’effort qu’il avait fait et meurtri par les coups qu’il avait subi. Il s’aperçut au bout de quelques minutes qu’un goût étrange avait pris place dans sa bouche. Il cracha devant lui et compris à la couleur de sa salive qu’il s’était sûrement mordu la langue. Il n’était vraiment pas beau à voir et il en avait conscience. Il allait récolter de nombreux bleus, égratignures et, ô joie, très sûrement un cocard.
Il allait entendre ses parents, quand il rentrerait chez lui…

Mais il n’en était pas encore là, et, avec peine, il s’assit à même le sol. C’était déjà mieux.
C’est là qu’il remarqua la présence d’une jeune fille bien étrange. Au début surpris, Kern finit surtout par se sentir ridicule en prenant conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Il tenta de se relever prestement, mais, déstabilisé par la souffrance que ses blessures au dos lui infligeait, il retomba lourdement dans sa position initiale. Ils n’y étaient pas allés de main morte, c’en était limite de l’acharnement.
Il ne put retenir un gémissement assez bruyant.

- Qu’est-ce t’as ? Pourquoi tu m’regardes comme ça ? Allez, retourne chez toi, Maman va s’inquiéter…

C’était nul, et il aurait pu faire beaucoup mieux s’il n’avait pas été dans une aussi mauvaise forme physique. Sa tête commençait à lui tourner, c’était mauvais signe. Il laissa échapper encore une fois un geignement.
Il releva la tête vers la jeune fille qui se tenait toujours à distance, aux aguets. Kern l’assimila tout de suite à un chat sauvage prêt à bondir. Sauvage était le bon mot, d’ailleurs. Ses vêtements à elle aussi étaient déchirés. Kern lui lança un regard inquisiteur.

- Toi aussi tu t’es pris une raclée ?

Kern observa la jeune fille des pieds à la tête.

- Bah, avec tes fringues toutes trouées, j’ai cru que tu t’en étais prise une aussi…

Mais à mieux la regarder, Kern remarqua qu’elle ne présentait aucune marque de violence. Elle avait même l’air plutôt en bonne santé, même si elle semblait sortir tout droit d’une longue randonnée en forêt. Elle était un peu poussiéreuse. Justement, Kern trouvait qu’il y avait qu’il y avait quelque chose d’étrange dans son attitude. Elle était vraiment sur ses gardes. Enfin, d’un côté, pas de quoi s’étonner. Tomber sur un adolescent en train d’agoniser au beau milieu d’une ruelle, il y avait de quoi se méfier.
Il réussit finalement, au bout d’un certain moment durant lequel s’installa un silence pesant, à se dresser sur ses jambes encore tremblotantes. Il avait vraiment honte, et il ne pouvait s’empêcher d’imaginer qu’il devait ressembler à un octogénaire sans sa canne.
Voyant la jeune fille toujours méfiante reculer de quelques pas, il s’exclama en faisant comme il pouvait un geste de la main qui se voulait désinvolte mais qui en réalité était crispé par la douleur :

- C’est bon, je vais pas te bouffer… Tu peux t’approcher…

Il s’appuya tout de même contre un mur. Il était encore un peu trop faible pour pouvoir repartir de suite. Et il n’avait pas envie de le faire en rampant ou de s’évanouir en beau milieu de la route.

- Et t’aurais pas une aspirine ou un truc du genre, par hasard ? Parce que là, j’ai un mal de crâne pas possible…

Kern y réfléchit quelques instants puis s’aperçut que sa demande était stupide. La composition de l’aspirine ne ferait que retarder la coagulation. Et il n’avait pas envie d’avoir des bleus plus énormes et qu’une cascade de sang s’écoule de sa bouche. D’ailleurs, il sentait sa langue le piquer. Très désagréable.

- Oublie ce que j’ai dit pour l’aspirine. Allez, détends-toi… J’vais pas t’agresser, t’sais. Je t’ai jamais vue dans le coin. T’es nouvelle ? Non pas que je connaisse tout le monde, mais t’as plus ou moins mon âge, non ? Je t’ai jamais vu au collège ou au lycée.

Kern changea de position. Il s’appuya de son coude sur le mur pour tenter de paraître plus décontracté, mais son visage se contracta alors qu’il poussa un nouveau gémissement.

- J’m’appelle Kern. Kern Yun-Jeong. C’est quoi ton nom ?

Finalement il n'était pas si méchant que ça. Par contre retour à la civilisation était dur parce je ne comprenant pas tout ce qu'il me disait. Par exemple je ne savais plus ce qu'était l'aspirine. Je fut étonné qu'il demande ça à moi. Je balaya les alentours du regard, il n'y avait personne dans cette ruelle étroite.

- Je m'appelle Luna, je doit avoir a peu près 14 ans. Non je ne viens pas de cette fichue ville, je...

Pouvais-je lui faire confiance, je ne savais pas qui il était. J'hésitai, il s'était levé mais n'était pas en mesure de marcher, pas encore du moins. Je ne risquait pas grand chose. Je m'approchai, toujours aussi vigilante. Que pouvais-je dire? Je ne savais pas où se situait ma forêt et ne connaissait même pas où j'allais pourtant mon intuition, ou autre chose, me guidais et je savais plus ou moins dans quelle direction aller.
Je partit sur une autre question qu'il m'avais posée.

- Je ne suis jamais allée dans une école depuis... euh... sept ans

Je voulu en savoir plus sur ce Kern, de prime abord il m'avait paru bagarreur, sûr de lui mais j'avais bien l'attention d'en savoir plus sur sa personnalité. Les questions vinrent naturellement:

- Tu habite dans cette ville?

Question idiote je le savais mais je me demandais comment il était possible de vivre dans un endroits tel qu'une ville. J'avait hâte retourner dans une forêt. Je pensa à ma forêt qui m'avais abritée pendant sept.

*Non, n'y pense pas*

Je continua sur ma lancée:

- Tu as quel âge? Tu est né ici?


J'attendis sa réponse mais me rendis compte que j'était dans cette ruelle avec lui depuis déjà un moment. L'après midi était déjà bien avancé et je devais reprendre ma route car je ne savais pas où était l'arrivée de mon périple.

- Je dois partir...

Je me dirigea vers la gouttière, et commença à escalader. Il était derrière moi mais je doutais qu'il me suive.

Après avoir déblatéré plusieurs questions, Luna, comme elle prétendait se nommer, se mit à escalader une gouttière. Kern la regarda avec des yeux ronds.

- Hé, mais attends ! En général, quand on pose des questions, on attend la réponse…

Malgré sa mauvaise condition physique, il décida de la suivre. C’était absurde, mais sa curiosité était trop forte. Et il n’avait pas envie de la laisser partir comme ça. Il prit appui sur une poubelle et s’agrippa à la gouttière. Elle grinça dangereusement sous son poids. Le métal lui faisait mal aux doigts. En temps normal, il aurait pu à peu près facilement se hisser à la force de ses bras sur le toit, mais en l’occurrence, il n’avait plus d’énergie, et il ne réussit qu’à battre ridiculement les jambes dans le vide. Sentant ses mains glisser et son corps repartir avec effroi en arrière, il jeta un regard mi-paniqué mi-énervé vers la jeune fille.

- Mais, bordel, aide-moi !

Mais ce n’était pas nécessaire. Un de ses pieds rencontra le rebord d’une fenêtre et il s’en fit un nouvel appui pour grimper. Enfin sur le toit, il haleta bruyamment. A cet instant, il avait l’impression d’avoir fait un effort surhumain. Posant les yeux sur le vide qui le séparait du sol, il sentit son estomac se contracter. Il était vraiment plus à l’aise sur la terre ferme. Et marcher sur un toit ne lui disait rien qui vaille… Un rien pouvait le faire passer au travers, non ?

*Encore heureux que c’est pas une chaumière…*

Puis il repensait à ce que Luna lui avait dit.

- Attends… Ça fait sept ans que t’es pas allée en cours ?

Il effectua un rapide calcul mental.

- Chaud, t’as quitté l’école à sept ans ?! Et bah… T’as suivi des cours à domicile ?

Il se souvînt aussi des questions qu’elle lui avait posé avant de s’enfuir comme une voleuse.

- Et, oui, j’habite ici, j’ai 15 ans, je suis né dans une autre ville, j’ai tué le colonel moutarde avec le chandelier dans la bibliothèque.

Kern esquissa un sourire. Elle ne venait pas d’ici et cela se voyait. En réalité, il se demandait même si elle venait du même pays, ou du même monde. Elle ne semblait pas saisir certains termes qui avaient trait au culturel.

- Et ça te prend souvent de te la jouer Spider-man ? J’veux dire, de te balader de toits en toits, comme ça ? De cette hauteur, tu peux facile te retrouver paraplégique si tu te croûtes…

Disant cela, il s’écarta du bord. Pendant ce temps, Luna semblait bien décidée à poursuivre son chemin. Kern la saisit par le bras pour la retenir.

- Hé, tu vas où comme ça ? T’es une voleuse ou quoi ? Tu cambrioles les baraques des gens en passant par les toits ? T’es une Yamakasi ou bien ?

Kern eut l’impression qu’un gong venait de résonner dans son crâne, à travers la migraine. Elle avait été abandonnée ?

- Ah ouai, donc en gros t’es en train de me dire que t’es une enfant sauvage, c’est ça ?

Il était prêt à exploser de rire, avant de voir le visage de Luna. Elle ne semblait pas plaisanter. Elle était parfaitement sérieuse, ne se moquait pas de lui. Même s’il avait bien du mal, il décida de la croire. Elle avait vraiment l’apparence qui convenait, et cela expliquait pourquoi elle ne saisissait pas tous ses propos.

- Bon… Ok, je te crois… Même si j’ai un peu du mal à concevoir comment tu as pu survivre pendant sept ans sans personne pour t’aider… Dans une forêt, t’es pas trop en sécurité… Et t’es jamais tombée sur un fou dangereux ou ce genre de trucs ? T’as jamais eu besoin de médecin ?

Il repensa à la cicatrice que la jeune fille lui avait montrée.

- Et personne t’as recousue, quand t’es tombée ?

Mais Luna, mystérieusement pressée, sautait déjà sur un toit en contrebas. Kern la suivit maladroitement, lentement et marmonnant des injures lorsqu’il manquait de perdre l’équilibre. Pourquoi cela avait-il l’air si facile lorsque c’était elle qui passait d’un toit à l’autre ? Bon, sept ans en forêt y était sûrement pour quelque chose…
Kern avait envie d’en savoir plus sur Luna. C’était pas tous les jours qu’on tombait sur une fille pareil. D’ailleurs, il ne savait pas trop ce qu’il devait faire. Que doit-on faire lorsque l’on découvre un enfant sauvage ? Alerter la police ? …Non, pourquoi faire ? Il avait déjà eu affaire avec les forces de l’ordre et la justice et il n’en gardait pas un très bon souvenir. Pour l’instant, Kern supposa que le mieux à faire était de la suivre pour s’assurer qu’elle ne faisait pas de bêtise. A vrai dire, il n’avait pas d’autre idée.

- Et tes parents… Tu t’souviens d’eux ? Faut les attaquer en justice. Les parents ont pas le droit de se débarrasser de leurs gosses comme ça. J’veux dire, même si un gamin arrête pas de gueuler et tout, à la limite ils le placent, mais même. Ça s’fait pas.

Clopinant, il ne lâchait pas Luna d’une semelle. Même s’il boitait, pas question de la laisser filer. C’était pas rien.

- Et tu m’as toujours pas dit où t’allais. Pourquoi t’as décidé de sortir de ta jungle, Mowgli ? C’est quoi cette histoire de chose qui t’appelle ? Qui t’appelle ?

A la question de la jeune fille, un petit rictus glissa entre les lèvres de Kern.

- La Bretagne ? Mais t’y es, ma vieille ! Et depuis longtemps… C’est pas un endroit précis, c’est une région. Donc si tu sais juste que tu dois t’y rendre, t’es mal barrée, c’est plutôt vague comme indication…

Tout en disant cela, il la suivit. Elle avait ralenti le pas et il lui en était plutôt reconnaissant, sentant ses jambes et ses bras flancher de temps à autres. Apprenant qu’elle savait utiliser les plantes à des fins médicinales, Kern commençait sérieusement à se demander comment il pouvait discuter de manière tout à fait normal en se promenant de toits en toits avec une fille qui avait passé une longue partie de sa vie abandonnée en pleine forêt, subsistant avec ce qu’elle trouvait. Cela ne l’aurait pas étonné de se réveiller d’une minute à l’autre, bien emmitouflé dans sa couette mais arraché d’un sommeil réparateur par l’alarme de son réveil l’avertissant qu’il devrait malheureusement se lever pour aller au lycée.
Mais il n’était rien de tout cela, la douleur des coups qu’il avait reçu était bien trop réelle, et la situation n’était pas absurde au point d’être onirique. C’était tout de même un minimum vraisemblable.

- Tous les hommes sont dangereux pour la forêt car il ne la respecte pas. J'en ai fait fuir plus d'un de ma forêt avec Loup.

« Avec Loup ? »
Kern la regarda avec des yeux ronds –il manqua d’ailleurs de tomber, ne regardant pas où il allait ; il se rattrapa de justesse, le cœur battant. Elle avait un loup ? Ou s’agissait-il d’une personne surnommée Loup ? Il secoua la tête. Au point où il en était, plus rien ne pouvait l’étonner.

*Manquerait plus qu’elle me sorte qu’elle est pote avec un tigre, Blanche Neige et tout le tralala…*

- T’sais, les hommes dangereux pour la forêt, comme tu dis, en ont pas toujours conscience. Ça peut être de braves gens mais qui s’rendent pas compte de c’qu’ils font. Souvent ils ont de bonnes raisons, en plus. J’dis pas que c’est chouette de tout bousiller, mais bon, parfois c’est justifié.

Kern sursauta à la réaction de Luna face à l’allusion de ses parents. Il ne pensait pas que cela allait provoquer de telles émotions. La larme qui coula sur la joue de la jeune fille le mit mal à l’aise. Il détestait voir des pleurs, en particulier ceux des filles. Non pas vraiment qu’il se sentait coupable, mais surtout il ne savait jamais comment réagir. Mais Luna ne lui en laissa d’ailleurs pas le temps, puisqu’elle reprit sur un ton différent en s’arrêtant, comme si rien ne s’était passé :

- Tu viens avec moi ou tu reste dans cette ... ville?

Kern prit quelques secondes pour reprendre sa respiration.

- J’suppose que si j’te laisse partir comme ça, tu vas te paumer et tu vas t’attirer des embrouilles… I’t’faut un guide, j’te l’fais gratos, me remercie pas. Et puis j’dois t’avouer que tu m’intrigues. T’es un peu spé, mais c’est marrant, ça fait d’l’aventure… Et en plus…

Kern désigna en soupirant l’état de ses vêtements et les traces des coups parsemées sur son corps.

- J’préfère repousser le plus possible le moment où j’vais devoir rentrer chez moi… Si ma mère me chope comme ça, j’suis mort !

Il passa la main sur son visage douloureux.

- D’ailleurs, j’aurais pas un gros cocard, par hasard ? Ca m’tue…

- T’sais, les hommes dangereux pour la forêt, comme tu dis, en ont pas toujours conscience. Ça peut être de braves gens mais qui s’rendent pas compte de c’qu’ils font. Souvent ils ont de bonnes raisons, en plus. J’dis pas que c’est chouette de tout bousiller, mais bon, parfois c’est justifié.

Je n'en étais pas convaincue. Je marmonna une réponse inintelligible.

Descendant du toit et me dirigeant vers la gare je lui répondis très calmement:

- Me paumer? Tu me prend pour qui? Mais je je veux bien que tu m'accompagne.

Nous atterîmes dans une rue animée où tout était bruit et agitation. De nombreuses voitures circulais sur l'immense voie. De nombreuses boutiques encadraient la rue. Je trouvais la rue très ... grise... Le béton était omniprésent.

La gare était agitée des tourniquets barraient la route, empêchant ceux n'ayant pas de billets de passer. J'escaladai en vitesse celui-ci, incognito sous le regard incrédule de Kern.

- Tu viens?

Spoiler:

Kern cligna des yeux plusieurs fois.

- Eh ben, t’es pas gênée !

Tout en disant cela, il sauta à son tour les tourniquets.

- Bien sûr que je viens.

C’est alors qu’il sentit une main se poser sur son épaule. Il sursauta et se retourna brusquement. Un contrôleur le saisissait par le col.

- Alors, on tente de passer en douce, c’est ça ? Et bien, je vais vous apprendre à frauder, moi !

Alors que l’homme tentait d’entraîner Kern avec lui, il se dégagea d’un coup d’épaule.
Il profita d’avoir retrouvé sa liberté pour déséquilibrer son assaillant avec un croche-pied, puis, prenant au passage la main de Luna, il prit ses jambes à son cou.

- Mieux vaut ne pas rester là !

Luna prenait de la vitesse beaucoup plus rapidement que lui et elle le dépassa bientôt, dégageant sa main de celle de Kern. Le contrôleur hurlait des jurons derrière eux. Il n’avait pas tenté de les suivre, mais Kern savait qu’il avait déjà prévenu ses collègues grâce au talkie-walkie qui dépassait de sa poche.
Malheureusement, Kern fut rapidement essoufflé, son énergie étant toujours altérée par son combat précédent. Se mêlant à la foule, il prit une pause pour reprendre son souffle.

Eona se baladait le nez dans le vent et la tête dans les nuages. Ses pensées étaient tournées vers son prochain bouquin quand soudain elle se pris quelqu'un de plein fouet. Elle venait de foncer dans Kern qui reprenait son souffle après sa course effrénée. Kern crut d'abord que c'était le contrôleur qui l'avait rattrapé. Mais quand il se retourna, il l’écrivaine toute confuse de l'avoir brusquée. Luna ne savait pas trop comment réagir partir ou attendre Kern ?

Je me baladais dans les rues. je venais de finir mon service au restaurant des parents de Kern et je profitais qu'il fasse beau pour me promener. Je cherchais une nouvelle idée de livre, même si le dernier, Reality 2, s'était plutôt bien vendu cette année. Mais jusque maintenant mes idées lumineuses étaient venu par hasard, pour "La contrôleuse" j'écrivais une fiction, pour les deux tomes de "Reality" je regardais un manga, pour mon troisième livre, je regardais un film. La plupart du temps, les coups de génies sont du à des hasards. Je soupirais, l'inspiration était vraiment dur à trouver. J'avais tout de même pris mon ordinateur portable comme dans chacun de mes déplacements. Le sac rouge dans lequel il était rangé se balançait doucement contre ma hanche droite.
J'en étais là de mes réflexion lorsque je rentrais en collision avec quelqu'un. Je vis rapidement que c'était Kern, mais il était salement amoché. Il avait encore dû se battre. Il semblait effrayer lorsque je l'ai percuté mais il se détendit visiblement lorsqu'il me reconnu. je dis :

- Dans quels ennuis t'es-tu encore fourré ? Tu as vu ton état ?

Je remarquais alors une fille qui semblait attendre Kern. Elle ne devait pas être du coin et encore moins de la ville. j'aurais plutôt dis qu'elle s'était enfuis d'une ferme où elle aurait été maltraiter. Cette pensée me donna une bonne idée que je m'empressais de graver dans mon crâne. Je regardais autour de moi et je vis un contrôleur questionner des passants. je soupirais avant de dire à Kern :

- Tu devrais filer. Le contrôleur arrive. Ma maison n'est pas loin, vous pouvez venir tous les deux le temps que ça se calme.

Je souris, j'étais toujours gentils avec Kern lorsqu'il revenait d'une bagarre. Ces histoires étaient drôles à écouter et je les avait toutes taper sur un dossier spécial pour lui. Je jetais un regard à la jeune fille, elle devait avoir quatorze ans. Je souris et lui fis signe d'approcher. Je sentais qu'avec ce qu'ils avaient fais, j'allais pouvoir rapidement trouver une idée.

Kern heurta quelqu'un, et jura, il ne s'agissait pourtant que d'une jeune femme d'une vingtaine d'année. Elle ne paraissais pas hostile. Et Kern sembla la reconnaitre, elle lui dit quelques mots que je n'entend pas bien au vu du brouhaha ambiant.
J'entendis Kern dire:

- Hein, Luna ?

Je n'avais pas entendu le début de sa phase, je restai muette, sur le qui-vive j'observais les alentours, prête à fuir tout contrôleur qui se pointerait. Il m'a semblé entendre dire la fille dire "venez chez moi" peut-être était-ce de cela que parlais Kern. Mais... Je ne pouvais pas attendre, je devais partir...
Kern remarqua mon doute, et me dit:

- C’est Eona, elle bosse chez mes parents… T’inquiètes, c’est une amie ! Elle est sympa… Tellement sympa qu’elle va nous cacher chez elle, hein ? Heiiiin ?

Je restais hésitante.

- Mais... Murmurais-je

Kern m'attrapa la main et m'entraina vers la sortie.

- Allez, pas l’temps d’jouer au p’tit animal farouche, on s’tire d’ici vite fait, j’ai pas envie de m’taper une amende ! Manquerait plus qu'on te demande de montrer tes papiers en plus ! J'te raconte pas l'embrouille ! Et c’est pas une écrivaine comme Eona qui va t’faire peur, non ? T’as déjà dû vivre pire, alors pas d’question, tu ramènes tes fesses et on y va !

Puis il se retourna vers Eoana, comme il avait appellé la fille.

- On te suit !

Nous suivions Eona et passâmes par les rues encombrées de cette fin de journée.

Kern me regarda une seconde avant de me répondre que ce serrait gentil de les emmener chez moi. Il se tourna ensuite vers son amie, qui s'appelle Luna d'après ce que j'ai entendus, et tenta de la convaincre. Il finit par perdre patience et lui saisit la main en lui disant de ne pas faire chier et de venir. Parfois je me demandais où il allait chercher ce vocabulaire, pour le moins vulgaire. Mais bon, je n'étais pas mieux à son âge alors je n'est pas à me la ramener. Elle finit par me suivre et je les entraîner dans les rues de la ville, juste à temps. Quelques minutes après que nous soyons sortit de la gare, le vigile se tenait là où nous étions.
je les guidais à travers le dédale que formaient les nombreuses rues et avenues. Nous arrivions bientôt Rue Des Corneilles. je me dirigeais vers le numéro cinq et j'ouvrais la porte avec la clef que je venait de tirer de la poche de mon jeans. Je rentrais, suivit de mes deux compagnons et je les emmenais dans le salon. Ma maison était dans le style japonais, table basse, coussins par terre pour s'asseoir. Cuisines simple mais avec tout ce qu'il faut, salle à manger ouvert sur la cuisine et le salon et l'entrée où il faut déposer ses chaussures. La décoration était aussi japonaise avec une bibliothèque où étaient rangé des centaines de livres en tout genre. Les miens étaient sur une étagère au-dessus de la télé, écran plat.
Je posais mon ordinateur sur la table basse et je les fis asseoir avant de prendre la trousse à pharmacie et de m'approcher de Kern. Je lui dis :

- Il faudrait te soigner ces plaies. Si tu rentre comme ça chez tes parents, tu vas avoir des ennuis. Je paris que tu t'es encore battu.

Je sortais le matériel et je commençais à le soigner. Lorsque j'eus fini, j'allais dans ma cuisine et je versais trois tasse de thé vert avant de revenir avec le plateau et de le poser sur le table. je m'assis en fasse des deux jeunes gens et je leur demandais :

- Alors, qu'est-ce qui s'est passé ?

Sur la porte j'aperçus un 5. L'écrivaine ouvris et nous fit entré La maison d'Eona était grande, et décorée de bon goût. Le style Japonnais rendais l'atmosphère apaisante. Je surpris Kern à sourire.
La jeune femme nous apporta du thé bouillant puis s'occupa des plaies de Kern qui grimaça.
Eona demanda enfin:

- Alors, qu'est-ce qui s'est passé ?

Kern lui expliqua brièvement, sans détail se qu'il s'était passé. Il décrivit d'abord la bagarre, mais un peu modifiée. Je pouffa devant le mensonge.
Il continua:

- Et après, j’ai rencontré Luna qui… Il me regarda, je le laissa continué. …Qui m’a dit qu’elle voulait aller à la gare, alors j’l’ai accompagné… On sait jamais, elle aurait pu tomber sur les autres abrutis, et ils se seraient pas gênés de venir lui chercher des noises ! Mais évidemment, Madame ne paie pas ! Alors on a sauté par-dessus les rambardes et on s’est fait chopper… Voilà ! Je crois qu’j’ai tout dit.

Il bu une gorgée de thé et se brûla. Il toussa comme s'il s'était étouffé puis me donna la parole.

- Eurf… Si tu veux rajouter deux trois trucs à l’histoire, j’t’en pris !

Je pris un gorgée de thé, et je regardai Kern, puis Eona. Cette dernière était très attentive.

- Je vais tout raconter, mais comme Kern, tu ne me croiras pas au début.

Je marquai une pause et repris:

- Avant, j'était bien tranquille dans ma forêt avec mon ami Loup. Depuis peu de temps un voix me force à à la suivre. Je suis arrivé ce matin dans cette ville grâce à un train de marchandise. J'ai traversé la ville puis du haut d'un immeuble j'ai vu Kern. Il était mal en point. Je lui est raconté d'où je venais et je lui ai dit que je devais partir. Mes pas nous ont menés vers la gare. Je suis passée sans problèmes mais Kern à mis plus de temps à me suivre. Et les contrôleur nous on vu. Et tu est arrivée...

J'inspirai une bouffée d'air puis je finis:
- La suite tu la connais.

J'entendis Kern siffler lorsqu'il entra dans ma maison. C'est vrai qu'il était d'origine coréenne et que le style Japonais ce n'était pas courant en France. Luna sembla aussi apprécier la décoration. Kern grimaça un peu pendant que je nettoyais ses plaies, mais quoi de plus normal avec l’antiseptique que j'utilisais. Le thé devait être un peu brûlent car Kern faillit s'étouffer, j'en bus une gorgée, ce n'était pas si chaud que ça. Mais ce devait être parce que j'y étais parfaitement habitué. Kern me raconta une histoire de bagarre dans la rue. Je ne doutais pas qu'il puisse se défendre contre une, voir deux personnes, mais c'est vrai que dix adversaires, c'est pas facile. Il semblait sincère lorsqu'il dit qu'il n'avait pas jeté la première pierre, ce qui était rare il faut le dire. Je fis tout de même un petit commentaire en ouvrant distraitement la fermeture de mon sac et en sortant mon ordinateur.

- Je ne voudrais pas douter de tes capacité à te défendre, vu ce que tu as fais pour aller en maison de redressement, mais je doute que tu puisse te farcir dix personnes. C'est vrai que ce n'est pas très loyale de s'y mettre à plusieurs.

En tout cas, ce seront les parents de Kern qui vont être content. J'ouvrais tranquillement mon ordinateur en écoutant le reste de l'histoire de Kern. Luna continua avec une histoire qui titilla doucement mes oreilles, je la tenait l'idée de mon prochain bouquin. Je tenais à en savoir plus. J'écoutais attentivement, elle habitait dans une forêt auparavant, mais une voix mystérieuse l'obligeait à partir pour un lieu qu'elle ignorait. Elle était arrivé le matin même dans un camion de marchandise. Je souris, c'était plus que intéressant. J'ouvrais un document Word et tapais rapidement ce qu'elle disait. je demandais, curieuse :

- Depuis quand vis-tu en forêt ? C'est quoi cette voix qui t'appelle ? Je crois que tu vas beaucoup m'aider.

J'avais un sourire sur le visage qui ne me quittais plus. Je crois que cette journée de repos va être rentable en terme d'idées. Je bus une autre gorgée de thé en attendant la réponse de Luna.

Mon histoire semblait intéresser Eona, elle écouta attentivement puis sorti son ordinateur. La jeune femme tapa quelques mots, puis me demanda:
- Depuis quand vis-tu en forêt ? C'est quoi cette voix qui t'appelle ? Je crois que tu vas beaucoup m'aider.


La question me surpris, mais je réalisai que Kern avais posé la même, je baissai ma garde.

- Comme je l'ai dit à Kern, je vis en forêt depuis... hum... sept ans. Enfin je crois, j'ai perdu la notion de temps.

Je marquai une pose, Eona continuait d'écrire.

- Cette voix, c'est une sorte d’intuition qui me guide mais que je n'avais pas envie de suivre... au début, puis j'ai cédé.

Par curiosité, je me plaçai derrière et essayai de lire par dessus son épaule, vainement puisque cela faisait sept ans que je n'avais rien lu et qu'à l'époque je savais à peine lire.

- Qu'écris-tu ?

Je m’énervais, et je réalisai qu'Eona était écrivaine et m'utilisais pour son prochain roman.

- Pourquoi suis-je si intéressante à tes yeux ?

Elle répondit à mes deux questions plutôt facilement, ce qui m'aidait beaucoup, je n'avais pas envie de creuser. J'écrivais vite comme à mon habitude, mes doigts connaissaient parfaitement l'emplacement de chaque lettres, ce qui me permettait d'écrire tout en regardant Luna. Elle me contourna et regarda avec curiosité mon écran, je la laissait faire, de toute façon, il n'y avait pour le moment que l'ébauche grossière de l'histoire. Elle me demanda ce que j'écrivais, je répondis en me levant et en sortant d'un tiroir une boite :

- Ce que tu me dis.

Je sortis trois sucettes de ma boite et en posais deux sur la table en mettant la troisième dans ma bouche. Je me rassis et dis tranquillement :

- Si vous en voulez une, prenez-la.

je regardais de nouveau Luna qui me demanda, légèrement énerver, pourquoi elle était si intéressante à mes yeux. Je souris avant de lui dire calmement :

- Désolé si je te vexe. Je ne veux rien te faire, juste savoir. Regarde l'étagère sur la cheminé, ce sont les quatre livres que j'ai écris. Mais à chaque fois, le personnage principale et le résumé de l'histoire sont inspiré d'autres personnes, d'autres histoires. Si je suis si intéresser par ton histoire, c'est tout simplement parce qu'elle est intéressante et qu'elle pourrais me sauver la mise.

Je souris avant de lui montrer son fauteuil qu'elle avait quitté. Je dis encore une fois :

- Si tu veux partir, je ne t'e empêcherais pas. Fais ce que tu veux.

Kern observait notre dispute. Plus il en apprenais par les questions d'Eona, plus son visage se crispait de suspicion. Aurait-il perdu sa confiance en moi ? Avait-il des doutes sur ma sincérité ?
J'allais partir, suite à la réplique très calme d'Eona, quand il intervint, ce qui accrut mes doutes:

- Hé, au fait Luna… C’est quoi ton nom de famille ? Et comment t’as réussi à vivre comme ça, dans la forêt, sans aucun adulte pour t’élever ni t’aider ? Et pour la voix… T’es sûre que ça va, là-haut ?

Un nom de famille ? En avais-je eu un ? Peut-être ou peut-être pas ? Mes souvenir s’arrêtaient nettement au moment où je me retrouvai seule dans la forêt.

- Je n'ai aucun souvenir de mon nom de famille... Pour vivre dans la forêt, il faut savoir trouver à manger, survivre aux animaux sauvages. Je me suis intégrée à une famille de loup pour pourvoir être protégée.

Je respirais lentement d'une respiration bruyante, tel la vapeur d'une locomotive, une colère audible. Sa déclaration me rendais vraiment furieuse, car il osait penser que je mentais, comment aurais-je inventer une histoire comme la mienne sans l'avoir vécu. De plus, il me prenait pour une folle, je n'allais pas me laisser faire.

- Merci de t'inquièter de ma santé mentale, mais je vais bien. La folle Luna doit partir, avec ou sans aide.

J'ouvris la porte par laquelle nous étions rentrés, la rue s'ouvrait devant moi, la tension se dissipa au moment même où je franchis le seuil de la maison de l'écrivaine.